L’humus, c’est cette fine couche supérieure du sol, les quinze premiers centimètres où la vie souterraine se concentre et transforme la matière organique en engrais naturel pour les plantes.
C’est l’habitat des vers de terre et des microbes, l’intestin des plantes, le berceau de notre civilisation. Et pour être vivant, l’humus a besoin d’être nourri. Loin d’être des déchets, nos déjections sont une formidable mine d’or nutritionnelle. Tout comme l’ensemble des déjections animales, elles véhiculent un élément essentiel au maintien de la vie terrestre, non renouvelable, rare et qui se raréfie : le phosphore.Tout ce qui vit a besoin de phosphore, tout ce qui vit en rejette. Nos corps en rejettent, et nous le jetons à l’égout en tirant la chasse… à l’heure où nous atteignons le fond des dernières réserves mondiales, dans un contexte où seulement 6,5 % des sols de notre planète sont cultivables et nourriciers, et où plus de la moitié d’entre eux est aujourd’hui épuisée et ne survit que grâce à l’utilisation de produits chimiques.
Issu d’une longue lignée de paysans saintongeais, Christophe Gatineau est un agronome spécialiste des vers de terre et des agricultures non conventionnelles, telles que la permaculture, l’agroécologie et les agricultures du non-labour. Il se fait connaître du grand public avec son ouvrage Éloge du ver de terre, publié en 2018 aux éditions Flammarion. Il anime le blog Le Jardin Vivant et a réalisé plusieurs documentaires, dont Tête de mule, qui a reçu le 3e prix du festival Caméra des Champs.
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