« Cet automne-là, les taux d’intérêt étaient en baisse, l’immobilier en hausse, ma famille, mes amis s’inquiétaient : est-ce qu’il n’était pas temps que j’investisse dans la pierre ? Avec un peu de chance et un banquier indulgent, je pouvais peut-être m’endetter sur trente ans (mon âge à l’époque). Je n’en avais ni les moyens ni l’envie. Signant un acte de vente, j’aurais eu la sensation de signer mon propre registre d’écrou – et de voir ma liberté circonscrite à quelques mètres carrés. Et puis un appartement, ça se meuble; aux meubles, il faudrait toujours préférer son sac de voyage.»
Le 29 décembre 1951, Ernesto Guevara, vingt-trois ans, et son ami Alberto Granado, vingt-neuf ans, partent pour un long voyage à travers l’Amérique latine, sur une moto baptisée La Poderosa (La Vigoureuse, mais elle les lâchera dans les Andes). Huit mille kilomètres d’aventures et de découvertes.
François-Henri Désérable est l’auteur notamment de Mon maître et mon vainqueur, qui a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française. Après L’Usure d’un monde, où il racontait sa traversée de l’Iran, Chagrin d’un chant inachevé est son deuxième récit de voyage.
© Francesca Mantovani