« La mort n’a pas de goût. Ou plutôt, si ! Un drôle de fumet. De viande avariée. D’haleine de dents cariées. Je sais ! J’y ai trempé ma plume, une ou deux fois, déjà. Je suis un vieil écrivain. Fatigué. Aussi, je me dis qu’un écrivain célèbre est un écrivain mort. Alors, j’ai essayé. Je voulais baiser la mort ! Je voulais d’une mort, vivante ! Fabuleuse !
Ce fut une mort piteuse. Honteuse. On me retrouva, nageant dans mon vomi. J’avais bouffé un tube de Lexomil. Derrière deux ou dix verres de Gin. Pour me donner du courage :
« Le suicide, c’est le courage des lâches. »
Donc, je me suis réveillé, dans du coton humide. Comme les graines de haricot, qu’enfant, je faisais germer. C’était trop beau : c’était donc ça ! La mort ! »
Vieux, moi ? Vieux, lui ? Vieilles, elles ?
En rêve !... Vieux dans leurs os qui craquent, leurs muscles qui couinent, leurs dents qui grelottent !
Comme ça, vieux, OK !... Croulant, yes !... Dead ! Ya !
Mais jeunes ! Ados, enfants, même dans les nuages de leurs songes, dans les souvenirs de leurs belles amours... Dans la fumée de leur pucelage...
La preuve par 13 de ces portraits. Sans concession aucune, et sans remords aucun...
Ces 13 nouvelles sont un pied-de-nez à la camarde, comme se plaisait à écrire Brassens.
13 flirts avec la mort, vieilles odeurs de vieux z’et de vieilles... Peu ou prou, quelques rébellions, quelques abandons. Refuge dans les bois, illusions perdues ; naufrage de l’âge, mort qui tue !
Et Dieu, dans tout ça ?... Eh bien, à un moment donné, il ne sert plus à rien d’y croire...
Né à Paris, en 1953, Christian Brissart est ballotté très tôt : parents divorcés, il atterrit à Valence, puis plus âgé, il vient s’installer à Limoges.
Entré en 1968, suite à un concours, à l’école normale d’instituteur à 15 ans, il subit une première crise délirante et est diagnostiqué bipolaire, une pathologie qui le suit depuis. Il est « viré » de sa formation. Son parcours sera alors jalonné de plaies et de bosses, d’où il tire sa substantifique moelle. De ses faiblesses, il extrait sa force, et son imagination franchit parfois les limites du raisonnable. Tantôt banquier, tantôt jardinier et les deux à la fois, il assouvit une véritable fringale d’écrits : l’angoisse de la page blanche, il l’ignore, avec près de 80 romans et une centaine de nouvelles à son actif. Il est également nourri (voire gavé) de photographies et le cinéma l’abreuve.
Publié pour la première fois par la revue « Point d’Encrage » en 1999, il entre en contact quelques années plus tard avec Fabrice Garcia-Carpintero, sur une scène Slam. Il est édité depuis chez Black-out, au rythme d’une publication par an, les personnages principaux de ses livres sont très majoritairement des femmes.
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