Édition 2024
Lire à Limoges 2024 : « Une surprise » pour la masterclasse philo, le 28 mai
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Pour Natalie Depraz, être surpris, c’est être ravi à l’existence quotidienne et à la routine, qu’elle soit celle de l’instinct ou celle de l’habitude.
Elle se questionne aussi sur la surprise et l’étonnement : la surprise peut alors devenir un levier de l’étonnement en nous confrontant à une incohérence, un oubli, un fait nouveau ou inédit, la possibilité d’une autre explication des choses. L’occasion pour les élèves d’aborder la philosophie de manière originale, étant les premiers concernés. Ils découvriront pourquoi selon Socrate, l’élève incapable de surprise n’a plus rien à savoir et se retrouve dans cet état d’ignorance ignorante d’elle-même que combat Socrate. La surprise-étonnement constitue bien ici une « crise » salutaire, un arrachement aux évidences et à l’habitude qui font le lit de l’ignorance voire de la bêtise, mais peut-on éduquer à la surprise elle-même ?
Parmi les questions que les élèves pourront aborder : sommes-nous encore capables de surprise dans un monde qui tend à abolir la frontière entre le possible et le réel ? Quand les progrès de la connaissance, de la technique et de l’intelligence artificielle font de l’improbable le lot commun de notre réalité (où l’imaginaire même de la surprise semble saturé de réalités aussi virtuelles soient-elles), que devient notre rapport au monde ? Comment être encore surpris lorsque tout nous pousse à être « blasés » et que la surprise elle-même est programmée dans les algorithmes qui manipulent nos émotions ?
La masterclasse pourra, à ce titre, constituer une porte d’entrée intéressante vers ce mouvement de la phénoménologie, en tant qu’il se concentre sur l’expérience vécue et le champ des faits tels qu’ils sont perçus par la conscience. Et les élèves pourront travailler, en amont, ce sujet de réflexion en classe afin de ne pas être surpris ni étonné du thème ...
Cet essai vise à élaborer une philosophie de l’imprévisible et du vécu émotionnel ? La surprise n’a guère inspiré les philosophes. La joie, la colère, la peur oui, mais dans la famille des affects humains, la surprise a été laissée pour compte. C’est que la surprise est un phénomène difficilement assimilable pour la philosophie, qui a pour objectif d’examiner, d’argumenter.
Elle génère un effet de sidération, autant physique que moral, puis, une envie irrépressible de l’éliminer à coup de rationalité.
Dans un texte écrit à la première personne et au féminin, Natalie Depraz prend la mesure de ce concept inexploré, en retraçant l’histoire de la philosophie des affects de manière originale, moins linéaire et moins dialectique. Sont mis à jour tous les manquements des philosophes à l’égard de ce concept : Aristote, Smith, Husserl ou encore Sartre l’ont approchée, mais aucun ne s’y est réellement risqué, se cantonnant à traiter l’étonnement ou l’inattendu.
La réflexion se nourrit de la psychanalyse et de l’étude des pathologies mentales, l’autrice proposant des études de cas concrètes sur les notions de choc et de trauma. Elle mêle à sa réflexion conceptuelle un récit très personnel, notamment sur la question du moment de l’annonce de la mort.
L’ouvrage vise le cœur de la notion : située sous le signe de l’altérité, la surprise comme mise en crise des perceptions n’est pourtant pas une pure extériorité. Elle est la matière de notre vivant, une fulgurance qui déplace le sujet au-delà de lui-même. De là, elle détourne la philosophie de ses stratégies herméneutiques rigides pour l’orienter vers le futur.
Natalie Depraz
Natalie Depraz est professeure de philosophie contemporaine à l’Université de Nanterre. Spécialiste de la phénoménologie allemande, ses travaux portent principalement sur Husserl. Depuis 2020, elle est titulaire de la chaire d’excellence en philosophie de l’Université de Galatasaray d’Istanbul. Elle a publié une quinzaine d’ouvrages, dont Transcendance et incarnation, L’intersubjectivité comme altérité à soi chez E. Husserl (Vrin, 1995), Lire Husserl en phénoménologue : les Idées directrices et Attention et vigilance, à la croisée de la phénoménologie et des sciences cognitives (Presses universitaires de France, 2008, 2014).
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